Pour d’aucuns, dont j’ai la faiblesse d’être du nombre, faire de la politique devrait s’apparenter à un idéal, une vocation, un sacerdoce.
Pensez ! S’occuper de la gestion d’un pays, d’une région, d'une province, d’une commune avec pour souci majeur le bien-être de la collectivité et ceci, dans la plus respectable des dignités tout en étant correctement rémunéré et en bénéficiant de la reconnaissance de l'employeur (les citoyens).
STOP ! Ne rêvons pas ! Nous sommes loin du compte et tout particulièrement en Belgique, à partir d'un certain niveau, la politique n’est pas un idéal, c’est un métier.
Qui plus est, un métier lucratif qui, tout en permettant la satisfaction des passions et des besoins les plus exacerbés, autorise aussi parfois les pires dérives quand ces employés du Peuple confondent l’intérêt de la chose publique avec le leur ou ceux de leurs proches et obligés.
Parmi les tâches qui leur sont dévolues, les politiciens (dont nombreux sont avocats) sont notamment chargés d'établir les lois, dont bien évidemment celles qui les concernent eux, leur mode de fonctionnement, leurs rémunérations, leurs avantages…
Parmi cet arsenal législatif, le Code de la Démocratie locale et de la Décentralisation qui est effectif depuis le 1 janvier 2002.
Un des buts avoués de ce Code est, je cite, « d’unifier et de rassembler les dispositions légales afférentes à l’organisation et le fonctionnement des pouvoirs locaux et de les rassembler dans un décret unique, dont la sécurité et la cohérence éclaireront davantage les citoyens, les mandataires locaux et les fonctionnaires sur l’étendue de leurs droits et de leurs devoirs et sur le fonctionnement des institutions »
Pour ce qui est d’éclairer les citoyens, voici un exemple vécu à Trooz, en 2006 et qui avait autorisé la bourgmestre précédente, madame Denise Laurent (PS), à se faire voter au Conseil communal, une augmentation de 11.223,22 euros indexés par an en 2006, afin de compenser une perte de revenus (en l’occurrence ici, de pension).
Quoi de plus normal que ces "Employés du Peuple" soient correctement rémunérés ? Mais de là à leur permettre d'augmenter leurs revenus, sur simple demande de leur part s'ils le souhaitent, il y a de la marge.
Extrait du PV du Conseil communal de Trooz du 21 décembre 2006
72. Traitement de Madame la Bourgmestre – Compensation d’une perte de revenu
Madame Denise LAURENT, Bourgmestre-Présidente, intéressée à la décision, s’est retirée pendant la discussion et le vote, Monsieur le 1er Echevin Christian HOTERMANS assurant la présidence ;
La séance à huis clos,
Le Conseil communal,
Vu le Code de la démocratie locale et de la décentralisation, spécialement son article L1123-15 ;
Considérant que Madame Denise LAURENT a été désignée en qualité de Bourgmestre de notre Commune lors de notre séance du 4 décembre 2006 ;
Considérant que Madame LAURENT, au vu de la rémunération qui est la sienne en
cette qualité, perd le bénéfice des pensions dont elle est titulaire ;
Vu le courrier de l’intéressée du 6 décembre 2006 par laquelle elle demande qu’il
soit fait application de l’article L1123-15 du Code précité et que la Commune compense la
perte de revenus occasionnée par la suspension du versement de ces pensions ;
Considérant qu’au vu des documents fournis cette perte est estimée à 11.223,22 €
sur base des versements de l’année 2005, dernière année complète pouvant servir de
référence ;
Sur la proposition du Collège communal et après en avoir délibéré ;
DECIDE, par 12 voix pour, 1 voix contre (Monsieur PATUREAU) et 3 abstentions
(Messieurs DOMBARD, VENDY & MOTTET), le nombre de votants étant de 16, de
compenser la perte de revenus de pension de Madame Denise LAURENT, Bourgmestre, à
hauteur de 11.223,22 € par an, montant à indexer sur base de l’indice des prix applicable en
2005.
A relever que lors de ce vote, seul Jean-Claude Patureau avait voté contre. Les trois élus EcoVa qui aussi étaient contre, s'étaient pudiquement abstenus. Les autres avaient probablement voté comme on leur avait dit.
Autre bizarrerie de cette "loi", pourquoi faut-il voter au Conseil communal quelque chose qui peut être obtenu de droit via le prestigieux Code de la Démocratie locale et de la Décentralisation ?
Code qui par ailleurs, qui hante certainement les nuits de tous les nouveaux et jeunes conseillers. Il suffit d'en parler un peu avec eux pour se faire une opinion. Mais, puisque ça permet d'éclairer la lanterne du citoyen (c'est ce qui y est écrit), pourquoi pas ?
Mais aussi, pour effectuer ces calculs de perte éventuelle de revenus, pourquoi n'est-il pas tenu compte des mandats rémunérés de la personne en question ?
Quand on sait (imagine) ce que certains mandats peuvent rapporter...
Dans la législature actuelle, Jean Teheux (MR) aurait pu revendiquer de bénéficier de la même opportunité mais il ne l’a pas fait.
A l’heure où nos pouvoirs publics, au plan large, cherchent par tous les moyens des sous dans les poches des citoyens, il serait peut-être un peu temps que les politiques s’attaquent à leurs propres statuts et fassent de fructueuses économies dans leurs propres rangs.
Je ne rappellerai pas que nous avons notamment 6 ou 7 parlements (c'est selon) en Belgique sans compter le frétillant Parlement du Benelux qui permet de caser quelques pointures non réélues.
Parlement du Benelux dont la dernière séance plénière a été de se demander à quoi il pouvait bien servir... Authentique !